Que sais-je?
Je ne sais pas.
Ce n’est pas seulement la réponse au « que sais-je ? ».
C’est l’expression de ma conscience : je sais que je ne sais pas tout à propos de tout.
Mais je crois savoir, souvent, voire plus, à propos de plein de choses.
Et l’important est que je sache qu’il s’agit de « croire savoir » et non de « certitude de savoir ».
Ainsi je sais, j’ai conscience, que ce que je crois savoir est la combinaison de données que je qualifierai de scientifiques, et de perceptions affectives.
A partir de cela, se pose la question de l’action : y aller ou pas ?
Déjà définissons l’action comme tout fait de communiquer avec les autres, par le geste, par l’écrit, par la parole. Agir c’est échanger, quel que soit le rapport de force qui s’établisse.
Ai-je le droit, le devoir, d’entrer dans l’action alors que j’ai conscience que les savoirs qui vont commander mon engagement puissent être faux ?
« Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche.” Je retiens la version Audiard de ce qui serait un proverbe chinois : « Allumer une bougie plutôt que maudire l’obscurité. » Certes, mais un proverbe n’est pas forcément pertinent. Oui celui qui avance va probablement gagner, emmener les autres avec lui, et ouvrir une voie. Il aura choisi, mais on ne saura jamais s’il eut pu en être autrement, y compris en cas d’impasse, car l’échec n’est pas la preuve par l’absurde que la réussite eut pu être en faisant un autre choix.
Tous ces doutes peuvent me pousser à ne rien faire, par peur de faire mal. Et donc de laisser faire les autres. Ce qui suppose que je les pense capables de savoir mieux, davantage, que moi. Ceci ne m’est pas naturel…
Ou je vais faire malgré mes doutes. Et faire des choix, qui vont contrarier une minorité ou une majorité des personnes avec lesquelles j’échangerai, activement ou passivement.
A partir de là il va y avoir confrontation en termes de vérité le plus souvent : chacun sa vérité. Du moins en est-il ainsi pour la plupart des gens. Très peu, trop peu, supposent que des vérités qui s’opposent puissent être également justes. Et pourtant souvent, peut-être le plus souvent, les choix que nous avons à faire ne sont pas entre un juste et un faux, entre un bien et un mal, mais entre deux justes, entre deux biens .
Je conclurai en reconnaissant que mon engagement ou non-engagement est davantage le fait de mon tempérament : au-dessus du dialogue entre ma raison et mes affections, c’est mon tempérament qui fait pencher la balance vers l’action ou pas, le risque de l’erreur ou la tranquillité de rester en-dehors comme Ponce-Pilate. Dont acte.
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